La France au Néolithique

Avant de voir en détail ce qu’a été le Néolithique dans le Nord de la France, et plus particulièrement dans le Bassin Parisien, on peut passer en revue les 4 différentes périodes du Néolithique en France :

 Néolithique Ancien (de -6 000 à -4 700 ans) avec ses deux cultures :

  • Le « Cardial » en Méditerranée dont les céramiques sont décorées à l’aide d’un coquillage (le cardium).
  • Et un demi millénaire plus tard, la culture « Rubanée » ou « Danubienne » qui couvre l’Europe de ses grandes maisons typiques. Les poteries sont décorées de lignes doubles épaisses.

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Néolithique Moyen (de -4 700 à -3 500 ans) avec une explosion de diverses cultures dont principalement le Chasséen qui supplante les autres. Caractéristiques :

  • L’agriculture et l’élevage se développent.
  • La démographie est en forte croissance.

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Néolithique Récent (de -3 500 à -2 800 ans) dont le principal groupe dans le Nord de la France est le Seine-Oise-Marne. Caractéristiques :

  • La société se hiérarchise.
  • Le principe l’inhumation collective se généralise.
  • Les constructions funéraires sont plus monumentales

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Néolithique Final ou Chalcolithique (de -2 800 à -2 200 ans) :

  • C’est l’arrivée progressive des premières métallurgies du cuivre.

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Pour le Nord de la France, et plus particulièrement le Bassin Parisien, la plus ancienne culture Néolithique est le Rubané Récent vers -5000 ans. Dés cette époque, l’homme cultive le blé, l’orge et des légumineuses, il élève des porcs, des moutons et surtout des bœufs.

Son outillage poli est pauvre et se limite au roches « dures » mais les outils en silex taillés sont variés : burins, armatures perçantes, éléments de faucille… La céramique se divise en 2 groupes : des poteries à pâte grossière et sans décor et des poteries fines et souvent décorés au peigne de motifs en forme de « T ». A cette époque existent aussi des grandes bouteilles pourvues d’anse afin de les suspendre.

Les villages sont situés dans les vallées et faits de maisons rectangulaires dont la largeur varie entre 5 et 8 mètres et la longueur de 8 à 40 mètres. Ces maisons se divisent en 5 travées séparées par 3 rangées de poteaux supportant un toit de chaume ou de roseaux. Les sépultures sont des fosses individuelles creusées dans le sol à l’écart des habitations. Les dépôts de parures en spondyles (coquillage de la mer du Nord) dans quelques tombes marquent déjà d’un statut pour certains individus.

Le Groupe de Villeneuve-Saint-Germain vers -4800 est dans la tradition Rubané, mais s’installent progressivement sur les plateaux. Les maisons sont de formes plus trapézoïdales pour limiter la prise au vent alors que les fosses sépulcrales sont maintenant organisées en nécropole.

Coté mobilier, apparaissent les tranchets qui servent de ciseaux à bois. Les céramiques évoluent avec des décors à base de boutons et de cordons appliqués sur les vases, le décor le plus commun est un « V » qui relie les anses au bord du vase par un cordon ou un pincement de la pâte. Pour les parures, les bracelets plats en schiste sont omniprésents ainsi que des bracelets en terre cuite.

Pour le Néolithique Moyen, la première culture est celle de Cerny entre -4600 et -4200. C’est l’apparition des premières flèches tranchantes et le développement d’un outillage en silex plus lourd qui témoigne d’une déforestation plus forte. Pour s’approvisionner en matière première, les hommes creusent des puits d’extractions de 8 ou 10 mètres de profondeur qui desservent des galeries où l’on va exploiter un silex abondant et de qualité.

Le polissage concerne désormais le silex et la demande s’accroît pour les lames de haches.

Les maisons ne sont pas connues car ce sont sans doutes des structures posées à même le sol, sans trous de poteaux ancrés dans le sol. On voit cependant se développer les enceintes enclos de fossés et de talus et parfois doublés de palissades en rondins. Ces sites témoignent d’un changement dans l’organisation de la société.

Les sépultures sont désormais imposantes, comme en témoignent les « structures de type Passy », des très longues levées de terre pouvant atteindre 250 mètres, parfois bordées d’une palissade de rondins, qui protègent une sépulture unique en son centre ou à une extrémité. Encore une preuve de cette nouvelle organisation de la société avec l’organisation de ces grands travaux nécessitant une autorité et de la main d’oeuvre.

Vers -4200, 2 cultures s’installent dans le Bassin Parisien. Le Chasséen sur une grande partie du territoire et le Michelsberg dans le Nord-Est. Le savoir faire des paysans et des éleveurs se diversifient, les faisselles et les fusaïoles pour filer la laine montrent que le bétail n’est plus seulement une réserve de nourriture. C’est aussi à cette époque qu’apparaît la traction animale. Les silos sont de plus en plus nombreux, les céramiques se diversifient : vases de stockage, plats à pain, assiettes… mais elles ne sont que rarement décorées.

Les mines de silex se multiplient car les besoins grandissent encore. L’essor des gaines en bois de cerf permet alors d’équiper les haches de lames plus petites et plus économiques en matière première.

L’habitat défensif en rebord de plateau devient commun et les enceintes sont très hétérogènes, pouvant accueillir des villages, mais aussi des lieux de rassemblements religieux, politiques ou commerciaux. Les villages Michelsberg sont connus et se composent de grandes maisons de 200 à 800 mètres carrés alors que les sépultures sont quasi absentes même si on retrouve des ossements dans les fossés d’enceintes où les puits de mines à coté parfois de dépots de céramiques ou de carcasses d’animaux.

Le Chasséen est enfin caractérisé par des petites statuettes anthropomorphiques, en général des femmes, que l’on retrouve à cette époque sur tout le continent Européen

Le dernier millénaire est surtout connu par les fouilles de sépultures de la période Seine-Oise-Marne au Néolithique Récent et le Groupe du Gord au Néolithique Final. Ces 2 cultures se succèdent entre -3500 et -2300.

Le S.O.M. s’étend du Bassin Parisien à la Bretagne vers l’Ouest, voire au Poitou. Les habitats ne sont pas du tout connus, contrairement aux mines de silex et surtout aux sépultures, car aucune période préhistorique n’en à livrer autant et d’aussi riches en mobiliers. Ce sont toutes des sépultures collectives (allées sépulcrales mégalithiques ou faites de pierre sèches, ou encore tout en bois, Hypogées creusés dans le sol) dont la durée d’utilisation peut aller jusqu’à plusieurs siècles. A la même époque, les inhumations collectives se retrouvent aussi en Bretagne, dans le Midi et sur une grande partie de l’Europe.

Le mobilier funéraire S.O.M. est assez standard : vase à pâte grossière dont la forme rappelle un « pot de fleurs » sans décor mais adaptés à la cuisson directe sur le feu, gaine en bois de cerf à perforation transversale pour l’emmanchement, petites haches polies en roche verte, armatures de flèches tranchantes en forme de trapèze puis au Gord elles deviennent perçantes à pédoncule et ailerons. Parmi les parures, on trouve des perles en ambre de la Baltique ou en cuivre du Midi qui témoignent des échanges avec des régions très éloignées.

Le Groupe du Gord s’étend sur la partie Nord du S.O.M. avec des vases encore mieux cuits et munis de languette de préhension. Les silex peuvent venir du Grand Pressigny, les haches en roche verte de Bretagne, les haches de prestige en jadéite des Alpes italiennes, mais là encore, très peu d’information sur les habitats.

En même temps, on observe dans le Bassin Parisien quelques interventions du Campaniforme qui se caractérise par des gobelets en forme de « cloche », des plaquettes perforées en os qui protégeaient les bras des archers, des modestes parures en or et des poignards courts en cuivre qui marquent le début d’une métallurgie dans le Bassin Parisien. C’est enfin à cette époque que le cheval semble être domestiqué.

Enfin, après -2300 ans, on entre dans l’âge du Bronze Ancien. Une autre histoire commence.

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